vendredi 27 février 2009

Comprendre les réformes

Une animation claire et instructive sur ce qui se trame: cliquer ici

Mairie du XIème - débat pour la défense de l’école publique

lien vers le site de la maire

Mercredi 11 mars, venez vous informer et débattre avec les enseignants, les parents d’élèves, les responsables associatifs et les professionnels de l’éducation sur l’avenir de vos enfants !

En présence de Patrick BLOCHE, Député - Maire du 11e arrondissement, Philippe DUCLOUX, Conseiller régional, Conseiller de Paris, Conseiller délégué du 11e arrondissement à la Vie scolaire et périscolaire, et Pascal CHERKI, Adjoint au Maire de Paris chargé de la Vie scolaire et de la Réussite éducative.

Quelles mesures gouvernementales...pour quelles conséquences ?

Ecole maternelle : menaces de suppression des classes de toute petite et petite section dès la rentrée 2009, création de jardin d’éveil à la charge des familles et des communes...

Ecole élémentaire : suppression de postes dans les Zones d’Education Prioritaire (ZEP), suppression de postes d’enseignants spécialisés dans les Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Diffi culté

(RASED), création d’Etablissements Publics d’Enseignement Primaire (EPEP) pour les écoles de 15 classes...

Rendez-vous à 18h30

Salle des fêtes
Marie du 11e
12, place Léon Blum

lundi 23 février 2009

ecole-cherche-directeur-pour-reeduquer-ses-profs

Pour info, sachant que l'Isère est en pointe depuis le début pour la lutte contre les ichiers base-élèves, les programmes, le démantellement de la maternelle.
Donc, ils sont le "département à abattre".

On appréciera la méthode...

Belle journée,
Claire
Date: Sun, 22 Feb 2009 22:40:39 +0100
From: baseeleves@gmail.com
To: liste-be38@rezo.net
Subject: [CIRBE] Sur la loyauté aux demandes institutionnelles...

Parmi les différents coups tordus utilisés par l'Inspection Académique de l'Isère pour faire rentrer Base élèves dans les écoles réfractaires sans faire de vague, il en est un qui commence à faire du bruit :
L'Inspectrice d'académie de l'Isère cherche une personne servile pour reprendre la direction d'une école à de dangereux opposants à base élèves [Source : CNRBE].

L'histoire en quelques mots :

L'école primaire Les Moines à Saint Quentin Fallavier (38) fonctionne en direction collégiale et refuse Base élèves. La direction de cette école a été déclarée poste à profil pour l'an prochain, avec attribution à titre exceptionnel d'un quart de décharge supplémentaire pour attirer le chaland. Comme par hasard, l'enseignante faisant fonction actuellement a eu un double avis négatif (IEN + commission) pour son inscription sur la liste d'aptitude.

L'appel à candidature diffusé le 5 février dernier par l'Inspection académique de l'Isère (disponible ici : http://toulouse.indymedia.org/spip.php?article34761 ) est édifiant :

- l'équipe enseignante est présentée en ces termes : "La moitié de l'équipe est installée depuis longtemps. Ces personnes ont une approche militante de l'école qui les conduit à prendre des positions de refus par rapport à certaines demandes institutionnelles (Base-élèves, évaluations nationales)".

- Le nouveau directeur aura pour mission de "rétablir une loyauté institutionnelle dans cette école, tant dans les rapports avec l'administration qu'avec l'équipe pédagogique" et de "centrer l'action de l'école sur les priorités nationales".

- parmi les compétences demandées, on notera "avoir le sens du service public et faire preuve de loyauté à son encontre" (à son encontre... à son encontre... contre le service public ?) et "de préférence, remplir les conditions pour être nommé réglementairement dans la fonction" (n'importe quel garde-chiourme pourrait donc être nommé à ce poste ?!...).

Suite aux nombreuses vagues provoquées sur le net par la publication de cet appel à candidature, l'annonce a été remplacée par une version édulcorée (portant moins à la controverse), disponible ici : http://numerolambda.files.wordpress.com/2009/02/dirstquentinfall.jpg . Rétablir la loyauté institutionnelle et se conformer aux priorités nationales sont toujours de mise.

Pour une information complète, voir :

http://numerolambda.wordpress.com/2009/02/20/coup-de-gomme/

http://www.rue89.com/2009/02/19/ecole-cherche-directeur-pour-reeduquer-ses-profs

http://retraitbaseeleves.wordpress.com/2009/02/17/le-profil-de-lemploi/



Et aussi une brève qui m'a fait bien rire, mais qui pourrait aussi faire réfléchir nombre d'enseignants, de directeurs d'écoles, d'inspecteurs de l'éducation nationale, d'inspecteurs d'académie, etc. :


L'inspecteur d'académie du Rhône contraint de quitter son poste


"Selon le Progrès, cette décision, pas encore actée par décret, a été signifiée à Jacques Aubry lors d'un rendez-vous au ministère de l'Education nationale mardi.
Jacques Aubry explique qu'aucune explication ne lui a été donné à part qu'il a perdu la confiance du recteur. Agé de 62 ans, il avait été nommé à l'inspection académique en octobre dernier. D'après le quotidien, ce départ précipité pourrait avoir été décidé pour sanctionner sa gestion de plusieurs dossiers comme les remplacements d'enseignants, l'application du service minimum dans les écoles ou l'accueil des deux ans dans les maternelles."
Rédigé par Y. L. dans Politique le 20/02/2009 à 08h41

Dans l'article du Progrès, Jacques Aubry affirme : "J'ai fait mon travail loyalement, en respectant les instructions du Ministère" [Source : http://www.leprogres.fr/infosdujour/rhone/1071456.html].

On se rappellera que Jacques Aubry a longtemps été l'acteur principal de la mise en oeuvre de Base élèves en Isère, où il a occupé le poste d'Inspecteur d'Académie jusqu'en juin dernier !

Une loyauté aux demandes institutionnelles bien mal récompensée...

Joëlle Castex

samedi 14 février 2009

Je met ce post ... alarmant !!

Bonjour à tous !
 
En "transfert" ci-dessous un papier écrit hier par Tatiana (ma fille, journaliste freelance). Choses vues et entendues dans son immeuble !
Elle aimerait bien que l'histoire se sache. Si c'est possible, transférez cela autour de vous au plus grand nombre de gens.
 
Tatiana part aujourd'hui pour la Guadeloupe, puis la Martinique (où elle a vécu 14 ans).
Merci à tous !
Catherine 
 
PS. Je précise Catherine Jourdan pour certains !
 
Courriel de Tatiana : tkalouguine@hotmail.com




From: tkalouguine@hotmail.com
To: cajourdan@hotmail.com
Subject: Mario au pays de Kafka (histoire vraie)
Date: Sat, 14 Feb 2009 08:56:22 +0000


Vendredi 13, vers 13 heures, rue des Poissonniers dans le 18e. Des cris dans la rue. Je me penche à la fenêtre. Trois mètres en dessous de moi, un homme hagard est debout sur un retour du toit - plus tard j'apprendrai que cet auvent s'appelle une "marquise". L'homme est tombé de l'immeuble, semble t-il. D'un bond, il se jette à nouveau du haut de 5 mètres. Peu de temps après, les pompiers tambourinent à ma porte. Les passants les ont alertés. L'homme a sauté depuis l'appartement de mon voisin de pallier, Jean-Claude. Il est indemne et a pu remonter chez son ami. Les pompiers repartent. Je me rends chez le voisin et découvre Mario, jeune guinéen de moins de trente ans, assis sur un canapé. Raide, les yeux fixés vers le mur. Il porte un pantalon noir à pinces et un pull à col roulé, de belles chaussures. Le matin même, accompagné de Jean-Claude, il se rendait au Centre de réception des étrangers de la préfecture du 17e arrondissement pour y déposer un dossier de régularisation. Aucune chance, lui a-t-on dit. Il tient des propos confus, répète qu'il n'est pas un bandit, qu'il a toujours travaillé, payé son loyer, son électricité, ses impôts. Qu'il a tout tenté et qu'il n'y a plus d'issue: "Plus rien à faire, la mort, la mort, la mort." Sa femme, Véronica, est elle aussi sans papiers. Ils ont deux petites filles, Rosa et Solinda, nées en France.

Jean-Claude discutait avec lui dans son salon lorsqu'il a brutalement foncé à la fenêtre et enjambé la balustrade. Mon voisin est un professeur retraité qui travaille de temps en temps avec Réseaux éducation sans frontières (RESF) pour aider des sans papiers à constituer leurs dossiers. Voilà deux ans qu'il instruit celui de Mario et l'accompagne dans toutes ses démarches. Dans l'épais dossier qu'il ouvre devant moi, il y a deux formulaires roses : une "demande d'autorisation de travail pour un salarié étranger", signée par son ancien employeur qui souhaite le réembaucher dès qu'il aura des papiers, et un "engagement de versement à l'ANAEM (Agence nationale d'accueil des étrangers et des migrations)". Ce patron s'engage à verser 1.612 euros à l'administration au moment de l'embauche de Mario ! Il y a là des extraits de K-Bis de cette société, ainsi que la liste de tous les salariés. Il y a aussi un certificat de travail et des fiches de paies attestant que Mario a bien exercé en CDI comme ouvrier maçon dans cette entreprise entre septembre 2006 et juin 2008, date où l'employeur lui a demandé de démissionner, par peur de l'Inspection du Travail. Et aussi d'autre fiches de paie d'un précédant CDI. Arrivé en 2002, Mario travaille en France depuis février 2004.

Ce matin, au guichet du Centre de réception des étrangers de la rue Truffaut, il était certain d'avoir enfin réuni toutes les pièces requises pour l'examen de son dossier. Ce ne fut pas une mince affaire. Il s'était déjà présenté une première fois, le 26 novembre 2008. Les deux formulaires remplis et signés par l'employeur n'étaient pas roses, mais verts (on les lui avait remis trois semaines plus tôt). "Les formulaires viennent de changer, le dossier n'est pas reçevable", s'est-il vu rétorquer. Il est retourné chez son ancien patron, qui a accepté de renseigner et signer les nouveaux feuillets. Retour à la préfecture. Cette fois, les formulaires auraient dû être remplis en quatre exemplaires. Personne lors de sa précédente visite ne lui avait signalé ce détail. Nouveau passage chez l'entrepreneur, qui accède une fois de plus à sa demande, franchement motivé.

Ce matin, rue Truffaut, les règles avaient encore changé. "Ils nous faut vos bulletins de salaire des douze derniers mois", lui a répliqué l'employée de guichet, assez tendue. Comment Mario pourrait-il fournir ces fiches de paie, puisqu'il ne travaille plus depuis huit mois? Encore une fois, cette exigence n'avait pas été formulée au moment lors du retrait des formulaires. Mieux, dans la liste des pièces à fournir, datée du 12 février, il est juste spécifié qu'il faut "les bulletins de salaires faisant preuve d'une expérience professionnelle dans le métier pour lequel le demandeur est RECRUTE". Car c'est bien d'un recrutement dont il s'agit. Alors? "Une nouvelle directive de la préfecture", a répondu laconiquement le fonctionnaire. Fin de non reçevoir. Pour Mario, plus aucune perspective d'avenir, alors même que son ancien patron fait tout pour le réembaucher. Pas de papier, pas d'emploi. Pas d'emploi, pas de papiers. Kafka n'aurait pas fait mieux.

Voilà huit mois que Mario vit sur ses économies. Il était bien payé comme maçon, précise t-il. Ils vivent à quatre dans 10 mètres carrés. Chaque mois il règle ses factures rubis sur l'ongle mais peine, dit-il, à nourrir sa famille. Sa femme et lui vivent avec la peur d'être contrôlés, ne se déplacent qu'à pied. Mario a été arrêté trois fois. La dernière, c'était en juin 2008. Après sa garde à vue, il a été retenu un mois à Plaisir (78). Déjà sous un arrêté de reconduite à la frontière, il est passé à deux doigts du charter. Une pétition organisée à l'école maternelle de sa fille aînée et l'intervention de son ex-patron ont permis sa relaxe. Mais demain?

Sans la fameuse "marquise" de l'immeuble qui a interrompu sa chute, Mario serait tombé de huit mètres, peut-être dix. Nous sommes au deuxième étage. Il se serait blessé sans doute, pas tué. Mais aujourd'hui son "cerveau tourne à toute vitesse", et il semble pressé d'en finir. Que penser d'un homme qui est prêt à se tuer parce qu'il ne parvient plus à assumer ses responsabilités de père de famille?

Monsieur Nicolas Sarkozy, Madame Carla Bruni-Sarkozy, Monsieur Eric Besson, si un jour Mario se donne la mort, d'une façon ou d'une autre, sachez que nous vous le ferons savoir. Et ce jour là, vous ne pourrez pas prétendre que vous ne saviez pas.

Tatiana Kalouguine, journaliste freelance.

lundi 9 février 2009

TÉMOIGNAGE / rue 89

TÉMOIGNAGE
Désobéir à Darcos : pourquoi je refuse d'évaluer mes élèves
Par pdevesa | directeur d'école | 08/02/2009 | 11H43

Depuis la rentrée des vacances de Noël, plusieurs enseignants nous ont écrit pour expliquer ce qui les scandalisait dans les évaluations des élèves de CM2 qu'on leur demande de faire en plein milieu d'année scolaire. Voici le témoignage de l'un d'eux, qui dénonce les choix pédagogiques de Xavier Darcos.

Si j'ai refusé de mettre en place le dispositif d'évaluation des CM2 et l'ai fait savoir publiquement, c'est poussé par une indignation face à ce dispositif précipité, qui a pour but de "mieux mesurer" mais qui n'est pas pertinent à cette période de l'année puisqu'il interroge les élèves sur des notions non encore étudiées, qu'il privilégie la prise en compte des erreurs plutôt que des réussites (une réussite majoritaire étant codée comme un échec) et crée donc artificiellement de l'échec là où il ne se trouve pas.

Plus grave encore à mes yeux: le dispositif assume le parti pris de renvoyer à l'élève une image négative de lui-même, l'image d'un élève qui éprouve des difficultés qu'il ignorait pour la bonne raison qu'elles viennent d'être créées par l'évaluation, et qu'il devra à son tour assumer devant ses parents.

Cette évaluation sera l'instrument d'une fragilisation de l'école

Là-dessus le ministre Xavier Darcos a ajouté que cette évaluation était le "bilan de huit années d'école primaire": si ça devait être le cas, pourquoi ne trouve-t-on aucune évaluation des acquis précédents? Et comme il faut envisager la possibilité que le ministère souhaite se débarrasser d'une partie de l'Education nationale (rappelez-vous, les enseignantes de maternelle payées si cher pour surveiller des siestes et changer des couches), il est probable que cette évaluation, dont les résultats assez faibles seront imputés à des responsables tout trouvés, soit l'instrument d'une fragilisation et d'une dépréciation de l'école, et certainement pas un outil pédagogique. Je ne souhaitais donc pas collaborer à cette entreprise.

Cette évaluation pourrait tout à fait être utilisée pour conclure que les politiques de "créations de postes" n'aboutissent à rien, et ce qui sera présenté comme une conclusion est en réalité une hypothèse de travail: à l'Education nationale, il faut réduire le nombre de postes! On peut noter que ça a déjà commencé: il y a 6000 postes en moins cette année, dans les classes, dans les RASED et dans les associations complémentaires de l'école.

Dans mon école, après un jour de passation d'épreuves, le conseil des maîtres a décidé de stopper le processus. Mon action personnelle s'appuie donc sur la position collective du conseil des maîtres, et plus largement elle dit tout haut ce qui se dit dans bien des écoles. Les enseignants ont le respect de l'autorité chevillée au corps, ils en ont besoin dans leur classe, ce qui explique la difficulté à désobéir ouvertement.

Quant aux parents d'élèves, ils ont montré de l'inquiétude devant l'arrêt de l'évaluation, certains croyant qu'elle conditionnait le passage en sixième. Après les avoir rencontrés et avoir parcouru avec eux les cahiers, leur réaction a été de signer des lettres de soutien au conseil des maîtres…

La gravité de mon acte m'a été rappelée, vu les obligations du fonctionnaire

Ayant affiché publiquement ma désobéissance, l'inspecteur d'académie m'a invité à le rencontrer deux jours après la diffusion de ma lettre. La gravité de mon acte m'a été rappelée, au regard des obligations du fonctionnaire, mais la pertinence des évaluations n'a pas été remise en cause. Deux conceptions se sont opposées: celle qui pose que le droit de désobéir est imprescriptible et celle qui affirme que rien, dans la situation actuelle, ne justifie la désobéissance.

Je ne pense pas que la démocratie soit mise en danger par un acte de désobéissance comme le mien, cet acte permet au contraire de structurer les contre-pouvoirs citoyens qui sont un des privilèges de la démocratie. Je ne fais pas de la désobéissance une fin en soi, elle est ici le résultat d'un évènement ponctuel, le télescopage entre les circonstances et ma conscience personnelle et professionnelle. J'ai souhaité, pour qu'elle soit porteuse de sens, en faire une action publique et constructive sur le long terme. Aujourd'hui, je ne me suis pas vu infliger de sanction, sanction que j'assumerai si elle devait se présenter sans pour autant l'accepter sans coup férir.

Membre d'un syndicat, le SNUipp, je connais la force des luttes collectives. Pourquoi avoir agi différemment cette fois? Ma réaction a été comme l'action ministérielle, précipitée et c'est ce qui lui a permis d'être en prise avec l'actualité. Néanmoins les arguments que je développe sont partagés par un très grand nombre d'enseignants et mon syndicat se dirige vers une action collective qui permettra à chacun d'exprimer tout ce qui peut nous conduire aujourd'hui vers la contestation et la désobéissance.

L'apparition d'individus qui contestent en dehors des syndicats (regardez les désobéisseurs, ils sont plus de 2000 à s'être déclarés au grand jour) est simplement le symptôme créé par des mesures qui heurtent profondément les individus dans leurs convictions profondes, et qui ne peuvent pas rester sans rien dire, sans rien faire.

dimanche 8 février 2009

Attachées à notre école

Vendredi après-midi - École maternelle de la Roquette
Pour montrer notre attachement à l'école maternelle, dans le cadre de l'opération attachons nous à notre école.

Espérons que nous serons encore plus nombreux la prochaine fois ! Une action dont le contenu est encore à définir doit avoir lieu le 10 mars.

vendredi 6 février 2009

l'école du futur ...

On y est presque!

La rentrée d'Enzo en septembre 2012..Enzo est assis à sa place, parmi ses 42 camarades de CP.

Il porte la vieille blouse de son frère, éculée, tachée, un peu grande.

Celle de Jean-Emilien, au premier rang, est toute neuve et porte le logo d'une grande marque automobile.La maîtresse parle, mais il a du mal à l'entendre, du fond de la classe.

Trop de bruit. La maîtresse est une remplaçante, une dame en retraite qui vient remplacer leur maîtresse en congé maternité

Il ne se souvient pas plus de son nom qu'elle ne se souvient du sien. Sa maîtresse a fait la rentrée, il y a trois semaines, puis est partie en congés. La vieille dame de 69 ans est là depuis lundi, elle est un peu sourde, mais gentille.. Plus gentille que l'intérimaire avant elle. Il sentait le vin et criait fort. Puis il expliquait mal.

Du coup Enzo ne comprend pas bien pourquoi B et A font BA, mais pas dans BANC ni dans BAIE ; ni la soustraction ; ni pourquoi il doit connaître toutes les dates des croisades.

On l'a mis sur la liste des élèves en difficulté, car il a raté sa première évaluation.

Il devra rester de 12 à 12h30 pour le soutien. Sans doute aussi aux vacances.

Hier, il avait du mal à écouter la vieille dame, pendant le soutien ; son ventre gargouillait. Quand il est arrivé à la cantine, il ne restait que du pain. Il l'a mangé sous le préau avec ceux dont les parents ne peuvent déjà plus payer la cantine. Il a commencé l'école l'an dernier, à 6 ans. L'école maternelle n'est plus obligatoire, c'est un choix des mairies, et la mairie de son village ne pouvait pas payer pour maintenir une école.Son cousin Brice a eu plus de chance : il est allé à l'école privée à 3 ans, mais ses parents ont dû payer.

La sieste, l'accueil et le goûter n'existent plus, place à la morale, à l'alphabet ;

il faut vouvoyer les adultes, obéir, ne pas parler et apprendre à se taire, se débrouiller seul pour les habits et les toilettes : pas assez de personnel.

Les enseignants, mal payés par la commune, gèrent leurs quarante à cinquante élèves chacun comme une garderie. L'école privée en face a une vraie maternelle, mais seuls les riches y ont accès.

Mais Brice a moins de mal, malgré tout, à comprendre les règles de l'école et ses leçons de CP.

En plus, le soir il va à des cours particuliers, car ses parents ne peuvent pas l'aider pour les devoirs, ils font trop d'heures supplémentaires.

Pourtant Enzo a toujours plus de chance que son voisin Kévin : il doit se lever plus tôt et livrer les journaux avant de venir à l'école, pour aider son grand-père, qui n'a presque pas de retraite. Enzo est seul au fond de la classe.

La chaise à côté de lui est vide. Son ami Saïd est parti, son père a été expulsé le lendemain du jour où le directeur de l'école (un gendarme en retraite choisi par le maire) a rentré le dossier de Saïd dans Base Élèves. Il ne reviendra jamais.

Enzo n'oubliera jamais son ami pleurant dans le fourgon de la police, à côté de son père menotté. Il paraît qu'il n'avait pas de papiers...Enzo fait très attention : chaque matin il met du papier dans son cartable, dans le sac de sa maman et dans celui de son frère.
> > Du fond, Enzo ne voit pas bien le tableau. Il est trop loin, et il a besoin de lunettes. Mais les lunettes ne sont plus remboursées. Il faut payer l'assurance, et ses parents n'ont pas les moyens.

L'an prochain Enzo devra prendre le bus pour aller à l'école. Il devra se lever plus tôt. Et rentrer plus tard.

L'EPEP (établissements publics d'enseignement primaire) qui gère son école a décidé de regrouper les CP dans le village voisin, pour économiser un poste d'enseignant. Ils seront 45 par classe.

Que des garçons. Les filles sont dans une autre école.

Enzo se demande si après le CM2 il ira au collège ou, comme son grand frère Théo, en centre de préformation professionnelle. Peut-être que les cours en atelier seront moins ennuyeux que toutes ces leçons à apprendre par coeur.
> > Mais sa mère dit qu'il n'y a plus de travail, que ça ne sert à rien. Le père d'Enzo a dû aller travailler en Roumanie, l'usine est partie là-bas. Il ne l'a pas vu depuis des mois. La délocalisation, ça s'appelle, à cause de la mondialisation. Pourtant la vieille dame disait hier que c'est très bien, la mondialisation, que ça apportait la richesse. Ils sont fous, ces Roumains !
> > Il lui tarde d'être en récréation. Il retrouvera Cathy, la jeune soeur de maman. Elle fait sa deuxième année de stage pour être maîtresse dans l'école, dans la classe de monsieur Luc. Il remplace monsieur Jacques, qui a été renvoyé, car il avait fait grève. On dit que c'était un syndicaliste qui faisait de la pédagogie.

Il y avait aussi madame Paulette en CP ; elle apprenait à lire aux enfants avec des vrais livres ; un inspecteur venait régulièrement la gronder ; elle a fini par démissionner.

Cathy a les yeux cernés : le soir elle est serveuse dans un café, car sa formation n'est pas payée. Elle dit : « A 28 ans et un bac +5, servir des bières le soir et faire la classe la journée, c'est épuisant. »
> > Surtout qu'elle dort dans le salon chez Enzo, elle n'a pas assez d'argent pour se payer un loyer.

Après la récréation, il y a le cours de religion et de morale, avec l'abbé Georges. Il faut lui réciter la vie de Jeanne d'Arc et les dix commandements par coeur. C'est lui qui organise le voyage scolaire à Lourdes, à Pâques. Sauf pour ceux qui seront convoqués pour le soutien....

Enzo se demande pourquoi il est là...

* Pourquoi Saïd a dû partir.
* Pourquoi Cathy et sa mère pleurent la nuit.
* Pourquoi et comment les usines s'en vont en emportant le travail.
* Pourquoi ils sont si nombreux en classe.
* Pourquoi il n'a pas une maîtresse toute l'année.
* Pourquoi il devra prendre le bus.
* Pourquoi il passe ses vacances à faire des stages.
* Pourquoi on le punit ainsi.
* Pourquoi il n'a pas de lunettes.
* Pourquoi il a faim.

Projection basée sur les textes actuels, les expérimentations en cours et les annonces du gouvernement trouvées sur le net'. Si vous ne voulez pas que vos enfants, petits-enfants, neveux, nièces, petits voisins, ..., deviennent des copains de classe de ce petit Enzo, faites suivre ce mail à votre carnet d'adresse ! Il faut que tout le monde prenne conscience de ce qui les attend à plus ou moins court terme !

Il faut que le ministère arrête de détruire l'Education Nationale !!! Merci pour eux !